A book about Genova, G�nes Aden - 05.07.2002 11:33
a book about G�nes and the demonstrations  G�nes - 19, 20 et 21 juillet 2001 Multitudes en marche contre l´Empire 336 pages, format 15x21, illustr� (noir et blanc) Prix : 16 Euros en librairies Diffusion: Aden, adendif@skynet.be Par Samizdat: � Dans la capitale ligure elle-m�me, il existe un chant traditionnel, polyphonique, celui des dockers qui, une fois le labeur termin�, font trallal�, trallal� en ch�ur dans les bars. G�nes, des choses et d´autres, des voix et des sons. Durant les jours du G8, avant, pendant et apr�s la catastrophe, un gigantesque trallalero a retenti dans toute la ville. Des centaines de milliers de manifestants, des femmes, des hommes et des enfants, qui hurlent tant�t de panique, tant�t de bonheur, tant�t de col�re ; des forces militaires qui cognent leurs matraques tant�t sur leurs boucliers, tant�t sur la gueule qui passe � leur port�e ; des commentaires idiots mais �nonc�s doctement ; des id�es de transformation avanc�es � voix basse, des histoires, des pri�res, des chants � [1]. Du 19 au 21 juillet 2001 se r�unissait � G�nes le G8, dans une Italie qui venait tout juste de passer sous le contr�le d´une coalition de droite, sous la direction du tr�s controvers� Silvio Berlusconi, rassemblant aux c�t�s de Forza Italia (le parti du cavagliere), les � post-fascistes � de l´Alleanza nazionale, les � s�paratistes � x�nophobes de la Ligue du Nord, plus quelques restes de la vieille D�mocratie chr�tienne. Un sommet du gouvernement autoproclam� du � Monde � qui s´annon�ait aussi d´embl�e comme un enjeu majeur, tant pour le pouvoir qui � apr�s les contre-manifestations massives de Seattle, Pragues, Davos, Nice, Qu�bec ou encore G�teborg � doit absolument faire une d�monstration de force politique aux yeux du monde et imposer sa supr�matie ; que pour la contestation de la mondialisation n�olib�rale qui ne peut que saisir cette nouvelle occasion d´�tre acteur � tout � fait ind�sirable � d´un processus de transformation sociale globale que l´on tente d´imposer � par le haut �. Mais le rendez-vous de G�nes s´annonce aussi comme bien plus que cela. Il ne pouvait de fait que marquer, � plus d´un titre, un tournant pour le mouvement dit � anti-globalisation �, et clore ainsi un cycle de luttes et de mobilisations initi� quelques ann�es auparavant (1999) avec les journ�es de Seattle [2]. Tout d´abord parce que les sommets futurs des organismes internationaux de pouvoir (Forum �conomique, Organisation mondiale du commerce, G8, etc.) offriront probablement, de par leur localisation, bien moins prise � des mobilisations de masse internationales : ne parlait-on pas d�s l´approche de G�nes d´un prochain sommet du G8 dans les Rocheuses canadiennes [3] ou d´une session de l´OMC au lointain Quatar. Ensuite, et surtout, parce que le mouvement lui-m�me � � partir de Seattle � a produit des parcours collectifs qui ne peuvent �tre ind�finiment reproduits de fa�on m�canique : que ce soit l´effet de surprise du processus coop�ratif des multitudes qui s´est v�rifi� � Seattle, ou encore l´agr�gation affinitaire dans l´action collective qui est apparue � Prague, aucun de ces � mod�les � ne s´est r�p�t� � G�nes o�, qui plus est, le mouvement s´est particuli�rement confront� � la force brute de la violence du pouvoir d´�tat. C´est dans cet �tat d´esprit que nous avons pris la route pour G�nes. Nous, c´est-�-dire des dizaines de milliers de femmes et d´hommes, de syndicalistes, de militants associatifs, d´activistes divers et vari�s, de f�ministes, de religieux, de � casseurs �, de pacifistes, etc. Des dizaines de milliers d´individus, venus des quatre coins de la plan�te, qui ont investi dans cette sorte de nomadisme de la contestation leurs parcours, leurs exp�riences, leurs affects, leurs esp�rances et leur rage. Les multitudes du � peuple de Seattle �, qui s´�taient transform�es au fur et � mesure en � peuple de Prague �, � peuple de Qu�bec � ou � peuple de G�teborg �... et qui s´est fait � peuple de G�nes �. C´est que nous avons voulu raconter dans ce livre. Le r�cit de cette histoire en train de se faire. Car, plus encore que des raisons purement � politiques �, l´envie de faire un livre � sur � G�nes tient surtout au fait que ceux d´entre nous qui y ont particip� d´une fa�on ou d´une autre � qui �taient � G�nes et qui ont particip� � la mobilisation avant � n´oublieront jamais ces journ�es incroyables, et ne peuvent se retrouver dans les interpr�tations m�diatiques et/ou id�ologiques qui, apr�s coup, tentent d´occuper l´espace imaginaire et subjectif. De par le travail r�alis� par les r�seaux de communication alternatifs (en particulier autour de samizdat, du r�seau Indymedia ou de Carta en Italie), qui d´autre que � nous � finalement dispose de la � mati�re premi�re � pour raconter G�nes sans autre pr�tention que de donner la parole � des acteurs de ce mouvement, sans d´autre pr�tention que de restituer du v�cu, de la subjectivit�, du d�sir ou de la rage, et une diversit� d´expressions politiques. Qui d´autre pouvait envisager de livrer les sources de cet instant d´histoire mineure � l´intelligence collective des sujets sociaux, loin de toute reconstitution apocryphe ou mythologique [4]. � Donner corps � la polyphonie des multitudes de l´Empire �, comme nous l´avions annonc� avant G�nes [5]. Car c´est bien de cela qu´il s´agit. Parler avec dix mille voix, raconter de cent mille fa�ons, construire un point de vue politique riche de la diversit� de nos points de vue. Cet ouvrage est donc d´abord un recueil de documents du mouvement et de r�cits � la premi�re personne. Des textes qui sont tout autant les minuscules � d�p�ches � que nous diffusions � chaud [6], les appels des diff�rentes composantes du mouvement de G�nes, que les insatiables paroles �crites de ceux d´entre nous (et d´autres, tant d´autres) qui ont ressenti le besoin de dire dans les jours ou les semaines qui ont suivi ce qu´ils ont v�cu � G�nes. Des images aussi, qui saisissent ces fragments instantan�s infimes de ce � quoi nous avons assist� et particip�. Peut-�tre faut-il, pour conclure et pour lever toute ambigu�t�, justifier aussi certains choix. Nous n´avons, bien s�r pas � tout � publi� : comme pour n´importe pour quel ouvrage, il fallait trier, s�lectionner et organiser une importante quantit� de mat�riaux disponibles en particulier sur les mailing lists et les sites web du mouvement. Ces choix sont bien s�r parfaitement subjectifs. Nous avons cela dit cherch� � respecter au maximum les diverses sensibilit�s qui se sont exprim�es, ind�pendamment de nos propres proximit�s ou engagements politiques personnels ou collectifs. R�p�tons-le : la qualit� du d�bat dans le mouvement nous importe plus que les � v�rit�s � h�tives. C´est pourquoi aussi, loin d´esquiver le d�bat sur la � violence � dont ont fait usage une partie des manifestants, ou sur les � provocations polici�res �, nous avons par contre �cart� les prises de positions par trop pol�miques et r�ductrices, pr�f�rant illustrer la diversit� � et �ventuellement les oppositions � de points de vue et de logiques, et les livrer ainsi � la r�flexion collective. C´est dans cette logique que samizdat.net avait d�j�, dans le feu de l´action, accord� une certaine place aux prises de positions de diverses composantes du � Black Block �, tout comme � celles des composantes pacifistes et non-violentes, des � Tute Bianche � ou encore des � sorci�res f�ministes � comme Starhawk. Polyphonies, encore... [7] Enfin, comment conclure sans avoir une pens�e pour Carlo Giuliani, tomb� sous les balles de la police de l´Empire, et aux centaines et centaines de bless�s, tortur�s, frapp�s, interpell�s, emprisonn�s, pour �tre venu exprimer leur conviction qu´un autre monde, un monde fait d´autres mondes, est n�cessaire et possible. [1] Thomas Lemahieu, Trallalero genovese - Polyphonies g�noises, ao�t 2001. [2] Sur Seattle voir : Starhawk, Comment nous avons bloqu� l´OMC. [3] Le prochain sommet du G8 aura effectivement lieu � Kananaskis, localit�e isol�e dans les Montagne Rocheuses (genre Davos en moins accessible), pr�s d´Ottawa au Canada. [4] Qu´il s´agisse, par exemple, des inepties mensong�res d´une Susan Georges qui reprend le refrain complotiste sur les � casseurs manipul�s par la police �, ou l´imb�cillit� parano�aque d´une partie de l´ultra-gauche parisienne qui d�nonce avec hargne la � trahison r�formiste � de tous et verse dans un douteuse �loge de l´�meute. [5] Voir notre texte : samizdat.net, � Donner corps � la polyphonie des multitudes de l´Empire �, repris dans cet ouvrage. [6] Voir en particulier le web de samizdat (Hacktivist News Service) et le Temporary News Engine mis en place au moment de G�nes. [7] Le lecteur attentif remarquera aussi que nous n´avons pas c�d� � la tentation, contrairement � d´autre, de noyer la � le�on g�noise � dans le trauma du 11 septembre. � Apocalypse New York � marque tr�s certainement un tournant dans la politique de l´Empire (le passage � l´�tat de guerre permanent), mais n´oblit�re en rien la n�cessit� d´une �valuation du parcours collectif des multitudes de Seattle � G�nes. Sur les �valuations du 11 septembre et de ses effets collat�raux. E-Mail: adendif@skynet.be Website: http://www.aden.be |